Différentes définitions, définitions différentes |
![]() Isaac Asimov (1920-1992) disait déjà, il y a quelques décénies, qu' « aucun de ceux qui l'écrivent ne sont capables de s'entendre sur sa définition ». Et pour cause: la science-fiction est si apte à la diversité qu'elle en finit par ne plus avoir de frontière distincte. A chaque nouvelle tentative de définition précise de la science-fiction, un petit malin va immédiatement s'amuser à repousser ces nouvelles frontières... Et pourtant, Gérard Klein, l'une des des figures de proue de la science-fiction française, remarque qu' « aucune autre espèce littéraire, sauf peut-être dans une faible mesure le roman policier, n'a été autant sommée d'être définie et n'a donné naissance à une telle masse de définitions qui constituent en elles-mêmes presque un genre ». En effet, la science-fiction souffre d'un manque de racine qui semble obliger chaque acteur de la SF à définir quelles sont pour lui les origines et les frontières de sa science-fiction. Nous verrons donc, à travers ces nombreuses définitions (ou citations capturées) comme à travers l'étude de l'histoire de la science-fiction par la suite, qu'il existe finalement un certain nombre de structures communes à plusieurs ouvrages se prétendant de la science-fiction. Ces ouvrages, qu'ils soient en papier ou en pellicule 35mm, sont en fait issus d'une vision partagée d'une science-fiction. Mais le partage n'est pas toujours total, entraînant par endroits points de convergence et points de divergence. En tout cas une chose est sûre: ce ne sont pas les acteurs de la science-fiction, quel que soit son support, qui vont chercher à nous aider ! |
Définition(s) de la science-fiction |
![]() Dictionnaire Larousse :« Science-Fiction n. f. : Genre romanesque faisant appel aux thèmes du voyage dans le temps et dans l'espace extraterrestre, et où l'auteur imagine l'évolution de l'humanité, en particulier les conséquences de ses progrès scientifiques. » Encyclopédie en ligne, Hachette Multimédia :« Science-Fiction n. fém. sing. (mot américain) Genre narratif (en littérature, au cinéma, dans la bande dessinée) où l’action découle de l’intervention d’éléments hypothétiques ou se situe dans un autre monde, la logique du récit reposant sur des conjectures plus ou moins vraisemblables (découvertes scientifiques et techniques, anticipation, voyages spatiaux, rencontre d’extraterrestre, etc.) » Petit Robert :« Science-Fiction n. f. : Genre littéraire autonome qui fait intervenir le scientifiquement possible dans l'imaginaire romanesque. » ![]() Isaac Asimov (1920-1992) (auteur):« La Science-Fiction est cette branche de la littérature qui traite des réactions humaines aux changements scientifiques et technologiques. » James Graham Ballard (1930) (auteur)« La science-fiction est une forme de fiction tournée vers l’avenir et qui s’intéresse au présent immédiat en terme de futur plutôt que de passé ; elle exige des techniques narratives en rapport avec la matière même de son sujet. » René Barjavel (1911-1985) (auteur)« La science-fiction, ce n'est pas un ‘genre’ littéraire, c'est tous les genres, c'est le lyrisme, la satire, l'analyse, la morale, la métaphysique, l'épopée. Ce sont toutes les activités de l'esprit humain en action dans les horizons sans limites. C'est en ce moment la seule littérature vivante du monde entier. » ![]() Igor & Grichka Bogdanoff (1949) (Ecrivains, Animateurs de télévision)« …en dévoilant le possible en même temps que ces limites, l’auteur donne au récit la caution formelle du réel et enferme le lecteur dans le champ de ce que les théoriciens du récit ont appelé le vraisemblable. Peut-être pourra-t-on mieux comprendre par là que la science-fiction se présente comme une littérature qui s’avance masquée tout en désignant son masque du doigt : il s’agit bien d’un littérature pour laquelle il est bien moins important de dire la vérité que d’être cru. » David Bowie (1947) (chanteur, acteur)« La science-fiction, c'est moi. » Frederic Brown (1906-1972) (auteur)« Le fantastique traite de choses qui ne sont pas et ne peuvent pas être. La science-fiction traite de choses qui ne sont pas, mais qui pourront être un jour. La science-fiction se limite à des possibilités compatibles avec la logique. » ![]() William Burroughs (1914-1997) (auteur)« La mythologie de l’âge de l’espace. » Michel Butor (1926) (auteur, historien de la SF)« Il semble donc que la Science-Fiction représente la forme normale de la mythologie de notre temps. » « Une littérature qui explore le champ du possible, tel que nous permet de l’entrevoir la science. C’est un fantastique encadré dans un réalisme. » John W. Campbell Jr. (1910-1971) (auteur, éditeur)« La science-fiction n'est pas autre chose que des rêves mis par écrit. La science-fiction est constituée des espoirs, des rêves et des craintes (car certains rêves sont des cauchemars) d'une société fondée sur la technologie. » Marc Caro (1956-) (directeur artistique, réalisateur)« Fiction d’idées. » Jean-Louis Curtis (1917-1995) (auteur)« Une vue nouvelle sur notre nature, notre place dans l’univers, notre devenir et nos fins. » ![]() Philippe Curval (1929) (auteur)« Ce qui importe avant tout, c’est de considérer l’acte d’écrire de la SF comme le réflexe spontané d’un certain nombre d’individus face à la sclérose de la culture contemporaine inapte à assimiler ses propres mutations, sans s’attarder au refus quasi-généralisé d’un public peu préparé par les médias à saisir son pouvoir germinatif. A la limite, je prétendrais même qu’il est absurde de considérer la SF comme une littérature de rupture puisqu’elle ne fait qu’intégrer les données du monde actuel à son discours, à la manière de toutes les grandes littératures qui l’ont précédée. » Salvador Dali (1904-1989) (peintre)« La science-fiction ressemble à un singe poilu, né à la période du grand siècle, et qui aurait pu peindre comme Vélasquez. Même si ce singe fou a existé, plus personne n'en entend parler aujourd'hui alors que tout le monde connaît Vélasquez. » Samuel Delany (1942) (auteur, professeur à l’université du Massachusetts)« La Science-Fiction est un langage. » Philip Kindred Dick (1928-1982) (auteur)« La science-fiction est un méta-monde fermé sur une méta-humanité, une nouvelle dimension de nous-mêmes et une extension de notre sphère de réalité tout entière ; elle ne connaît de ce point de vue aucune limite. » ![]() Daniel Drode (1932-1984) (auteur)« Des expériences sur des idées. » Dr. Freeman J. Dyson (1923) (auteur)« Science is my territory, but science-fiction is the landscape of my dreams. » Jean Gattégno (1935-1994) (Professeur de littérature anglaise,Université Paris VIII)« Il n’existe aucune définition satisfaisante de la Science-Fiction. » « Genre imaginaire aux frontières floues » Hugo Gernsback (1884-1967) (auteur,éditeur du premier magazine de SF en 1926)« Par science-fiction, j'entends les histoires du type de celles de jules Verne, H. G. Wells et Edgar Poe, de charmants récits romanesques entremêlés de faits scientifiques et de visions prophétiques. » Jacques Goimard (1934) (historien de la SF)« La science-fiction relève de l'escamotage. Elle est moins un genre littéraire qu'un changement de genre perpétuellement renouvelé. Au début, elle a l'air d'en appeler à l'illusion naïve, comme le conte merveilleux ; à la fin, elle requiert la croyance, comme le mythe ou la légende. » Robert Anson Heinlein (1907-1988) (auteur)« spéculation fiction » ![]() Alejandro Jodorowski (1929) (scénariste, dessinateur)« un néo-réalisme » Amis Kingsley (1922-1995) (auteur)« La science-fiction est un récit en prose, traitant d'une situation qui ne pourrait se présenter dans le monde que nous connaissons, dont l'existence se fonde sur l'hypothèse d'une innovation, d'origine humaine ou extraterrestre, dans le domaine de la science ou de la technologie. » Gérard Klein (1937) (auteur)« La Science-Fiction est une littérature d’idées. Quel que soit l’ouvrage au travers duquel vous l’avez découverte, et avez ressenti le plein impact de sa différence, il y a de fortes chances pour qu’il ait été construit autour d’une idée originale ou remarquable. » « Une œuvre de science-fiction se propose d’explorer un possible qui est, en première approximation, notre monde plus quelque chose qui y a été rajouté. » ![]() Damon Knight (1922-2002) (auteur)« La Science-Fiction est mal nommée et la seule chose que puissent gagner deux fans essayant de s’accorder sur une définition de ce terme, c’est des jointures sanglantes. […] elle signifie ce que nous désignons au moment où nous en parlons. » Arthur Koestler (1905-1983) (auteur)« Les voyages de Gulliver de Swift, Le Meilleur des mondes d'Huxley, 1984 d'Orwell sont de grandes oeuvres littéraires parce que les bizarreries de mondes étrangers n'y figurent qu'au titre d'arrière plan ou de prétexte à un message social. En d'autres termes, ces oeuvres sont de la littérature dans l'exacte mesure où elles ne sont pas de la science-fiction, où elles se présentent comme le reflet d'une imagination disciplinée et non d'une fantaisie débridée. » André Malraux (1901-1976) (auteur, homme politique)« L'homme occidental reste informe parce qu'il attend. La science, en tant que croyance et non en tant que science, est croyance en une explication future du monde... La formation de l'homme passe par le type exemplaire: saint, chevalier, caballero, gentleman, bolchevik et autres. L'exemplarité appartient au rêve, à la fiction. Et sans jeu de mots, la fiction de la science, c'est la science-fiction. » ![]() Barry Malzberg (1939) (auteur)« C'est la branche de la fiction qui s'intéresse aux effets éventuels d'une technologie ou d'un système social différents sur le genre humain, dans un futur imaginaire, un présent modifié ou un passé alternatif. » Sam Moskowitz (1920-1997) (auteur)« Elle favorise chez ses lecteurs la ‘Suspension consentante de l’incrédulité’ en situant dans un cadre scientifiquement plausible ses spéculations sur les sciences physiques ou sociales, l’espace, le temps et la philosophie. » Michel Pilotin (?-?) (auteur)« La science-fiction est le comble de la fiction. Quel genre rivaliserait avec celui qui est fondé sur l’invraisemblable à base rationnelle ? Les cadres du vieux roman d’anticipation à la Jules Verne, ébranlés par Wells, sont à jamais brisés. Il faut reconnaître, dans ces cocktails de surnaturel logique et d’humour pataphysique, les véritables mythes de l’âge atomique, les chansons de geste de notre temps. » ![]() Frederik Pohl (1919) (auteur, éditeur, rédacteur en chef, critique...)« C’est cette chose que les gens qui savent ce qu’est la science-fiction désignent en disant : « C’est de la science-fiction ». Jean-Francois Revel (1924-2006) (auteur)« La haine profonde que les hommes de notre époque vouent à la connaissance scientifique, dans la mesure où elle affaiblit la peur des dieux dont Epicure avait déjà dit le lien avec le refus du plaisir, a sécrété entre autres choses ce genre culturel intensément inepte et grossier : la science-fiction. Rien n'est fait pour dégoûter de la connaissance objective et de ses prolongements pratiques comme ces tueries intergalactiques, où d'ahurissants primates élèvent à la hauteur d'un principe cosmique les habitudes présidant aux règlements de comptes entre gens du milieu. » ![]() Keith Roberts (1935-2000) (auteur)« Je ne crois pas être un véritable écrivain de SF ; je ne m’intéresse pas beaucoup aux histoires de fusées et de martiens. » Steven Spielberg (1946) (réalisateur, producteur) (à propos de 2001, L’Odyssée de l’Espace)« J’avais l’impression d’avoir à faire avec une nouvelle forme d’écriture cinématographique. Ce n’était pas un documentaire, ce n’était pas une histoire mais une éventualité scientifique. » Lyon Sprague de Camp (1907-2000) (auteur, ingénieur)« Tel que je l’emploie, le terme de fiction imaginative comprend le groupe de récits qui, dans la littérature occidentale contemporaine, sont non réalistes, imaginatifs, fondés sur des suppositions contraire à l’expérience quotidienne, souvent franchement fantastiques, et fréquemment situés dans un cadre éloigné - dans le temps et dans l’espace- de la vie courante. » ![]() Pierre Stolze (1952) (auteur)« La Science-fiction : littérature d'images et non d'idées » « La Science-Fiction se contente de produire des images. Ces images, ensuite, peuvent être à l’origine ou non de concepts nouveaux, mais cela n’est plus du domaine de la Science-Fiction, mais bien de la philosophie. Car c’est la philosophie qui créé des concepts, pas la Science-Fiction. » Theodore Sturgeon (1918-1985) (auteur)« Une histoire de Science-Fiction est une histoire construite autour d’êtres humains, avec un problème humain et une solution humaine et qui n’aurait pu se produire sans son contenu scientifique. » ![]() François Truffaut (1932-1984) (réalisateur)« Toute belle et grande œuvre est sa propre Science-Fiction ; les personnages de Fellini ou de Hitchcock sont des Martiens, sans accessoires peut-être, mais d’une telle féerie, si loin de nous et tout à la fois si proches qu’ils satisfont pleinement nos besoins d’évasion, de merveilleux et de fantastique. » Pierre Versins (1923-2001) (historien de la SF)« La science-fiction est un univers plus grand que l'univers connu. Elle dépasse, elle déborde, elle n'a pas de limites, elle est sans cesse au-delà d'elle-même, elle se nie en s'affirmant, elle expose, pose, préfigure, elle extrapole. Elle invente ce qui a peut-être été, ce qui est sans que nul ne le sache, et ce qui sera ou pourrait être. Et, ce faisant, elle découvre. Elle est le plus extraordinaire défoulement que l'on puisse rêver et le meilleur tremplin pour aboutir, sans ouvrir des yeux trop ébaubis, à l'humanité qui viendra. » Boris Vian (1920-1959) (auteur, musicien)« …ces récits plus ou moins fantastiques » « La science-fiction, c’est une nouvelle mystique […] c’est la résurrection de la poésie épique : l’homme et son dépassement par lui-même, le héros et ses exploits, la lutte avec l’Inconnu. » « C’est la suppression d’un frein dans un certain nombre de domaines de l’imagination. » « Je n'aime pas réfléchir sur la SF, je préfère en faire... » Laurent GENEFORT |